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Génération Y ou comment on peut très bien être sociable et fan de World of Warcraft

World of WarcraftQuand on est au milieu de la trentaine avec dix ans d’expérience professionnelle derrière soi, on n’est pas forcément encore un vieux con, mais on n’est plus non plus un jeunot. L’avantage de cette position équilibrée, c’est que l’on peut regarder ses aînés en se disant que, non, décidément, on ne sera jamais comme eux, et se pencher avec condescendance un regard plein de tendresse vers les stagiaires ou les jeunes embauchés.

En ce qui me concerne, j’ai eu la semaine dernière une conversation passionnante avec un collègue de 23 ans qui m’a appris une foule de choses sur World of Warcraft. Il m’a expliqué comment on pouvait y jouer en mode RP (role play) et l’étiquette que cela imposait : pas d’allusion au monde réel du joueur, immersion totale dans l’ambiance, façon de s’exprimer médiévale, etc.

Il m’a expliqué que lorque l’on joue à ce genre de jeu, on a une deuxième vie : on est quasi obligé de jouer tous les jours, sauf à perdre complètement le fil. Il a eu cette image édifiante : ne pas jouer tous les jours, c’est comme si dans la vie réelle, on ne vivait qu’un jour sur deux ; on ne comprendrait rien au monde. Pour un fan de Marcel Aymé tel que moi, cette phrase m’a immédiatement fait penser à la nouvelle “Le temps mort” où le pauvre Martin vit, justement, un jour sur deux.

Il m’a confié également que, lorsqu’il était étudiant, il pouvait y jouer 5 à 6 heures par jour, le week-end.

Pourquoi accrochait-il tant à cet univers ? Pour l’aspect communautaire. Il appréciait de retrouver sa “guilde”. C’est bien pour cela, selon lui, que les joueurs s’abonnent au service, bien plus que pour tuer des monstres.

Or, ce collègue est l’un des plus sociables de la boîte. C.Q.F.D. : l’univers des mondes permanents n’est pas un repaire d’associaux ou de déséquilibrés. Il y en a sûrement, mais ils ne sont pas représentatifs du phénomène. Moi qui ne joue pas à ces jeux et ne les connaît, finalement, que par la presse, j’ai pu me rendre compte du fossé entre l’image d’Epinal véhiculée au sujet des gamers et le discours d’un gamer véritable qui existe et que j’ai rencontré.