Catégories
Chine France informatique intelligence artificielle vidéo

Intelligence artificielle : quand la Chine et la France parlent d’une seule voix

Lors de la visite d’État du président chinois Xi Jinping en France en mai dernier, un événement est passé inaperçu, alors qu’il revêt une importance significative. La France et la Chine ont signé une déclaration commune portant sur la gouvernance de l’intelligence artificielle.

Ce document n’a pas de portée technologique ou économique. Il ne porte pas non plus sur des investissements en milliards d’euros. C’est une déclaration d’intention sur ce que doivent être les règles internationales en matière d’IA.

Dans la vidéo ci-dessous, vous trouverez une analyse des différents points de la déclaration et de leur portée.

Analyse de la déclaration franco-chinoise sur la gouvernance de l’IA

Pour symbolique qu’elle soit, cette déclaration est majeure, car l’intelligence artificielle est un domaine qui s’annonce aussi structurant pour l’avenir qu’a pu l’être Internet au tournant du siècle. Or si Internet et plus particulièrement le World Wide Web ont pu se développer comme ils l’ont fait, c’est en grande partie grâce aux efforts de standardisation et de régulation qui ont été faits au niveau mondial.

Des organismes dédiés ont été créés pour fixer les standards de l’industrie, qu’il s’agisse de l’IETF (Internet Engineering Task Force) pour les normes de base de l’Internet ou du W3C (World Wide Web Consortium) pour les standards du Web ; des instances ont été créées pour administrer les noms de domaines et les identifiants sur Internet, l’ICANN (International Corporation for Assigned Names and Numbers) et l’IANA (Internet Assigned Numbers Authority) ; des structures comme l’Internet Society et des événements comme le WSIS (Sommet Mondial sur la Société de l’Information) ont cherché à encourager les usages et à organiser les relations entre les différentes parties prenantes de l’écosystème Internet.

L’IA va certainement pénétrer en profondeur tous les aspects de notre vie quotidienne, comme l’Internet et le Web l’ont fait. Dans ce contexte, des règles et des instances de gouvernance vont devenir de plus en plus nécessaires.

Les principaux acteurs de l’IA sont aujourd’hui les États-Unis et la Chine, ces deux pays jouissant d’une taille critique leur permettant d’investir des sommes colossales en recherche et développement. La France, pays beaucoup plus petit, dispose en revanche de talents exceptionnels, actifs dans la recherche, tel Yann Le Cun, patron de l’IA chez Meta, ou dans la création d’entreprises comme Mistral ou Hugging Face. La France dispose aussi d’établissements d’enseignement supérieur renommés à l’échelle internationale, et de centres de recherche de premier plan, comme l’INRIA ou le CNRS. Forte de ces atouts, la France est un interlocuteur légitime dans la recherche de règles communes pour assurer un développement harmonieux de l’IA à travers le monde.

La déclaration franco-chinoise sur la gouvernance de l’IA n’est qu’une étape. Début 2025, la France accueillera un forum international sur cette thématique. Parce que celle-ci dépasse les enjeux strictement nationaux, il est important que le concert des nations soit impliqué, pour éviter toute hégémonie de tel ou tel pays ou de telle ou telle entreprise. C’est en ce sens que la déclaration franco-chinoise sur la gouvernance de l’IA est un signal positif, dont il faudra étudier les suites avec attention.

Catégories
intelligence artificielle outils Professionnel

Comment j’utilise l’IA au travail

L’Intelligence Artificielle (IA), c’est intéressant, amusant et souvent “bluffant”. Mais est-ce utile au travail ?

Passé l’effet démo, je réponds oui ! Retrouvez dans le PDF ci-dessous 15 utilisations concrètes que je fais des grands modèles de langage dans mon quotidien professionnel.

Vous le voyez, j’utilise l’IA (et plus spécifiquement les grands modèles de langage comme chatGPT) pour différentes catégories de tâches : assistance à la rédaction, explication de texte, petits services informatiques, boîte à idées créatives.

Je serais curieux de connaître les usages que vous pouvez faire de l’IA dans votre propre travail.  Merci par avance à ceux qui voudront bien partager leurs retours d’expérience en commentaire ou en message privé.

Catégories
écriture informatique innovation intelligence artificielle Professionnel

Mon nouveau stagiaire : chatGPT

Comme beaucoup, j’ai été impressionné par les possibilités de chatGPT. J’ai pu l’utiliser efficacement de différentes manières, principalement pour des tâches de rédaction :

  • Pour trouver un mot que j’ai sur le bout de la langue

chatGPT pour trouver le mot juste

 

Trouver un substantif grâce à chatGPT
Trouver un substantif grâce à chatGPT

 

  • Pour m’assurer que j’emploie une expression à bon escient

chatGPT pour vérifier le bon emploi d'une expression
chatGPT pour vérifier le bon emploi d’une expression

 

  • Pour vérifier une question d’orthographe pointue

chatGPT professeur d'orthographe
chatGPT professeur d’orthographe

 

  • Pour trouver un équivalent français d’un mot anglais

chatGPT pour chasser les anglicismes
chatGPT pour chasser les anglicismes

 

En revanche, quand il s’agit de rédiger directement, il faut vraiment repasser derrière.

J’en ai fait l’expérience avec un billet que je viens de publier sur Chinese-Management : Comment le modèle Rendanheyi de Haier révolutionne l’industrie : Zhang Ruimin en discussion avec le professeur Felipe Monteiro de l’INSEAD.

Concrètement, mon ami Youssouf a … visionné une vidéo sur YouTube et m’a fourni ses notes en style télégraphique. Je les ai fournies à chatGPT (et à son équivalent Bing AI),  et j’ai demandé à ces logiciels de rédiger un article à partir de ces notes.

Bilan des courses : j’ai dû demander aux deux robots conversationnels de reprendre plusieurs fois leurs textes, faire des coupes et des retouches moi-même, ajouter des informations, etc.

Au final, je ne suis pas certain d’avoir écrit l’article plus vite avec chatGPT que si je l’avais écrit directement moi-même.

Cela m’a donné la même impression que celle que l’on peut parfois avoir avec un jeune stagiaire. Le stagiaire est là pour apprendre, et son maître de stage doit lui consacrer du temps.

A une différence près : le stagiaire, lui, s’améliore au fil du temps.

Pas sûr que cela soit le cas avec chatGPT.

A moins que… Je viens de découvrir des études scientifiques récentes démontrant que le modèle de langage qui fait tourner chatGPT, dans sa version la plus récente, à savoir GPT4, était capable d’apprendre de ses erreurs et de s’améliorer.

Peut-être que le stagiaire dépassera bientôt le maître, finalement.

Image générée par Dall-E à partir de la commande : "Futuristic-and-hyper-realistic-vision-of-a-young-humanoid-robot-struggling-to-write-a-text"
Image générée par Dall-E à partir de la commande : “Futuristic-and-hyper-realistic-vision-of-a-young-humanoid-robot-struggling-to-write-a-text”

Catégories
coup de gueule France google intelligence artificielle Le temps Politique robots société

Robots et censeurs zélés au service de la pensée unique

La France en 2050, vidéo par Virginie Vota
La France en 2050, vidéo par Virginie Vota

Voulez-vous avoir un aperçu original de ce que pourrait être la France en 2050 ? Eh bien, ce n’est pas sur YouTube que vous le trouverez.

Je viens d’apprendre en effet qu’une vidéo de la vidéaste Virginie Vota intitulée justement “la France en 2050” venait d’être censurée par YouTube, à peine une heure après sa mise en ligne.

Virginie Vota s’en explique dans cette autre vidéo.

Mais avant d’écouter ses explications, j’ai souhaité visionner la vidéo bannie pour me faire ma propre opinion.

J’ai pu la consulter sur la chaîne de secours qu’elle a créée sur le système décentralisé Odysee.

Pourquoi censurer cette vidéo ?

Après tout, il y aurait pu avoir de bonnes raisons pour la censure de la vidéo. Connaissant les réalisations habituelles de  grande qualité de Virginie Vota, j’en aurais été bien étonné, mais sait-on jamais ? Une mouche l’avait-elle piquée pour qu’elle proférât des propos incitant à la haine raciale, par exemple ? Est-ce que sa vidéo propageait de dangereuses contre-vérités (ce qui constituerait déjà un motif de censure beaucoup plus discutable) ? J’étais même prêt à être magnanime vis-à-vis de YouTube en envisageant l’hypothèse que la vidéo proscrite portait tout simplement atteinte à des droits d’auteur.

Après avoir regardé la vidéo sur Odysee, je peux affirmer qu’il n’y a rien de tout cela.

La véritable raison de la censure

J’ai donc écouté par la suite les explications de Virginie Vota. Et j’ai découvert que YouTube avait justifié sa censure au motif que les contenus de la vidéo “contredi[raient] le consensus des experts d’autorités sanitaires locales ou de l’OMS au sujet du vaccin contre le COVID-19”.

Or, en vérité, la vidéo dont je vous parle ne s’oppose pas aux propos d’experts sanitaires, qui, soit-dit en passant, ne sont pas si unanimes que YouTube voudrait le faire croire.

Non, simplement, il semble que la vidéo “la France en 2050” de Virginie Vota a eu le malheur de déplaire. Est-ce le fait d’un censeur trop zélé ? D’une dénonciation par un internaute ? Ou, peut-être plus effrayant encore, le fruit de l’analyse automatique de la vidéo par des algorithmes dits d’intelligence artificielle (bien mal nommés au demeurant car la machine est encore loin d’avoir une intime compréhension des choses telle qu’un être humain peut l’avoir) ?

Quoi qu’il en soit, cette censure est une parfaite illustration d’un monde vers lequel nous nous dirigeons, dans lequel seules les pensées mainstream, faisant “consensus”, validées par des “experts” ayant été adoubés par le système pourraient être exprimées.

J’ai peur, malheureusement, que cette vision totalitaire n’advienne en France bien avant 2050, au train où vont les choses.

Catégories
innovation intelligence artificielle robots

Comment parle un robot ?

Dans cette vidéo, Sridhar Raghawan et Roberto Pieraccini, de l’équipe de développement de Jibo, nous expliquent les enjeux de la production de parole par leur robot. Si vous ne connaissez pas Jibo, ses concepteurs le présentent comme le premier robot social à destination du foyer. Le projet a obtenu près de 4 millions de dollars en financement participatif sur la plate-forme Indiegogo, avant de lever 25 millions de dollars auprès de capitaux-risqueurs en janvier dernier.

Parmi les explications que j’ai trouvées particulièrement intéressantes dans cette vidéo, il y a le fait que Jibo mette de l’émotion dans sa parole. Le robot doit être capable d’exprimer de la surprise, de la colère, du regret, etc., au travers de différentes intonations. Cela complique singulièrement la tâche des développeurs.

Mais surtout, les deux ingénieurs expliquent en particulier que Jibo parle à partir de texte. Quand on lui pose une question comme “quel temps fera t-il demain ?”, Jibo va d’abord constituer une réponse sous forme de texte. Ensuite, un logiciel de synthèse vocale (TTS ou Text-to-Speech) va convertir ce texte en parole.

Autrement dit, Jibo ne parle pas du tout à la manière d’un être humain, puisque sa parole passe par la production intermédiaire de texte. Le robot s’exprime par la voix à la manière d’un être humain, mais le processus permettant cette expression est totalement différent de ce qu’il est chez nous.

Cela me paraît important de le souligner : les robots vont se comporter de manière de plus en plus humaine en apparence, mais leur intelligence est tout autre que la nôtre.

 

Catégories
choses vues coup de chapeau France innovation intelligence artificielle

Visite à l’atelier Aldebaran

Aldebaran Robotics est une pépite d’origine française (rachetée en février 2015 par la banque japonaise Softbank), pionnière de la robotique humanoïde depuis 2005. A Issy-les-Moulineaux, le siège de l’entreprise abrite environ 300 personnes, concevant des robots compagnons tels que Nao et Pepper, ainsi que le “concept-robot” Romeo. Si l’entreprise fondée par Bruno Maisonnier a des bureaux à Boston et à Shanghai, toute la R&D est faire en France. Aldebaran a eu la bonne idée d’ouvrir dans ses locaux isséens un “Atelier”, où le grand public peut venir se familiariser avec les robots.

J’ai eu le plaisir d’y aller avec mon plus grand fils, le 5 août dernier. Nous avons pu interagir avec le petit Nao, qui nous a fait une démonstration de TaiJi et avec qui nous avons joué au pendu. Nous avons également interagi avec Pepper, robot commercialisé au Japon pour de l’accueil client ou de la démonstration produit. Je retiens de cette expérience une impression étonnante : au bout d’une à deux minutes, j’ai vraiment eu l’impression d’avoir affaire à un interlocuteur, et non à une simple machine.

Je vous recommande de faire le test !

Mise à jour du 3 septembre 2020 :

  • après son rachat par SoftBank, Aldebaran Robotics a changé de nom pour devenir SoftBank Robotics
  • l’atelier Aldebaran n’existe plus.
Catégories
livres intelligence artificielle réflexion

Ray Kurzweil et moi

Je suis en train de lire The Age of spiritual machines de Ray Kurzweil et j’y trouve beaucoup de plaisir. Dans cet ouvrage, il démontre pourquoi l’avènement de machines dépassant largement l’intelligence humaine est inéluctable, et dans un avenir proche. Il se penche en détail sur la question de la conscience des machines. Longtemps, j’ai pensé que des machines existeraient un jour avec une intelligence de type humain, avec lesquelles on pourrait converser, des machines ressemblant à s’y méprendre à des êtres humains. C’est d’ailleurs à ce stade que, selon Alan Turing, on pourra parler de machines intelligentes. Mais je pensais que ces machines seraient purement “mécaniques” et que tout ce que l’on pourrait constater, c’est qu’elles sont intelligentes. Il me semblait qu’on ne pourrait pas affirmer qu’elles sont conscientes, notamment d’elles mêmes.

Aujourd’hui, à la lecture de Kurzweil, je me rends compte que c’est la même chose pour mes interlocuteurs humains. Puis-je dire qu’ils sont conscients ? Qu’est-ce que j’en sais, après tout ? La conscience est une expérience purement subjective. Je peux dire que je suis conscient mais je ne peux pas affirmer que vous qui me lisez l’êtes aussi.

La conscience n’est pas quelque chose d’observable. Et Kurzweil de citer Leibniz qui explique qu’en observant un cerveau en train de penser, on pourra en détailler toute la “mécanique” mais que l’on observera pas ses pensées. Aujourd’hui, on pourrait dire que l’on pourra peut-être observer les manifestations électromagnétiques de la pensée mais pas la pensée elle-même.

Ce qui vaut pour les êtres humains aujourd’hui vaudra demain pour les machines. Cela m’amène à deux réflexions. La première, c’est que, lorsque quelqu’un me parle, je fais l’hypothèse qu’il est conscient et conscient le lui-même. Mais c’est une croyance de ma part. Je m’aperçois donc que j’ai des croyances, que je suis “croyant”. Et cette prise de conscience (c’est le cas de le dire) n’est pas rien pour un sceptique comme moi !

La deuxième, c’est que je suis d’accord avec le pronostic de Kuzweil qui annonce que “prochainement” des machines très évoluées nous diront qu’elles sont conscientes d’elles-mêmes…et que nous les croirons. Moi aussi, j’anticipe le fait que je les croirai. L’idée fantaisiste selon laquelle, un jour, des machines réclameront des droits, du respect personnel, n’est finalement pas si fantaisiste que cela.

“Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?” se demandait Lamartine. Pas tout à fait encore. Mais cela ne saurait tarder. Et ce jour-là, il faudra vous respecter en tant que personnes.