Archives de catégorie : intelligence artificielle

Comment j’utilise l’IA au travail

L’Intelligence Artificielle (IA), c’est intéressant, amusant et souvent “bluffant”. Mais est-ce utile au travail ?

Passé l’effet démo, je réponds oui ! Retrouvez dans le PDF ci-dessous 15 utilisations concrètes que je fais des grands modèles de langage dans mon quotidien professionnel.

Vous le voyez, j’utilise l’IA (et plus spécifiquement les grands modèles de langage comme chatGPT) pour différentes catégories de tâches : assistance à la rédaction, explication de texte, petits services informatiques, boîte à idées créatives.

Je serais curieux de connaître les usages que vous pouvez faire de l’IA dans votre propre travail.  Merci par avance à ceux qui voudront bien partager leurs retours d’expérience en commentaire ou en message privé.

Mon nouveau stagiaire : chatGPT

Comme beaucoup, j’ai été impressionné par les possibilités de chatGPT. J’ai pu l’utiliser efficacement de différentes manières, principalement pour des tâches de rédaction :

  • Pour trouver un mot que j’ai sur le bout de la langue
chatGPT pour trouver le mot juste

 

Trouver un substantif grâce à chatGPT
Trouver un substantif grâce à chatGPT

 

  • Pour m’assurer que j’emploie une expression à bon escient
chatGPT pour vérifier le bon emploi d'une expression
chatGPT pour vérifier le bon emploi d’une expression

 

  • Pour vérifier une question d’orthographe pointue
chatGPT professeur d'orthographe
chatGPT professeur d’orthographe

 

  • Pour trouver un équivalent français d’un mot anglais
chatGPT pour chasser les anglicismes
chatGPT pour chasser les anglicismes

 

En revanche, quand il s’agit de rédiger directement, il faut vraiment repasser derrière.

J’en ai fait l’expérience avec un billet que je viens de publier sur Chinese-Management : Comment le modèle Rendanheyi de Haier révolutionne l’industrie : Zhang Ruimin en discussion avec le professeur Felipe Monteiro de l’INSEAD.

Concrètement, mon ami Youssouf a … visionné une vidéo sur YouTube et m’a fourni ses notes en style télégraphique. Je les ai fournies à chatGPT (et à son équivalent Bing AI),  et j’ai demandé à ces logiciels de rédiger un article à partir de ces notes.

Bilan des courses : j’ai dû demander aux deux robots conversationnels de reprendre plusieurs fois leurs textes, faire des coupes et des retouches moi-même, ajouter des informations, etc.

Au final, je ne suis pas certain d’avoir écrit l’article plus vite avec chatGPT que si je l’avais écrit directement moi-même.

Cela m’a donné la même impression que celle que l’on peut parfois avoir avec un jeune stagiaire. Le stagiaire est là pour apprendre, et son maître de stage doit lui consacrer du temps.

A une différence près : le stagiaire, lui, s’améliore au fil du temps.

Pas sûr que cela soit le cas avec chatGPT.

A moins que… Je viens de découvrir des études scientifiques récentes démontrant que le modèle de langage qui fait tourner chatGPT, dans sa version la plus récente, à savoir GPT4, était capable d’apprendre de ses erreurs et de s’améliorer.

Peut-être que le stagiaire dépassera bientôt le maître, finalement.

Image générée par Dall-E à partir de la commande : "Futuristic-and-hyper-realistic-vision-of-a-young-humanoid-robot-struggling-to-write-a-text"
Image générée par Dall-E à partir de la commande : “Futuristic-and-hyper-realistic-vision-of-a-young-humanoid-robot-struggling-to-write-a-text”

Robots et censeurs zélés au service de la pensée unique

La France en 2050, vidéo par Virginie Vota
La France en 2050, vidéo par Virginie Vota

Voulez-vous avoir un aperçu original de ce que pourrait être la France en 2050 ? Eh bien, ce n’est pas sur YouTube que vous le trouverez.

Je viens d’apprendre en effet qu’une vidéo de la vidéaste Virginie Vota intitulée justement “la France en 2050” venait d’être censurée par YouTube, à peine une heure après sa mise en ligne.

Virginie Vota s’en explique dans cette autre vidéo.

Mais avant d’écouter ses explications, j’ai souhaité visionner la vidéo bannie pour me faire ma propre opinion.

J’ai pu la consulter sur la chaîne de secours qu’elle a créée sur le système décentralisé Odysee.

Pourquoi censurer cette vidéo ?

Après tout, il y aurait pu avoir de bonnes raisons pour la censure de la vidéo. Connaissant les réalisations habituelles de  grande qualité de Virginie Vota, j’en aurais été bien étonné, mais sait-on jamais ? Une mouche l’avait-elle piquée pour qu’elle proférât des propos incitant à la haine raciale, par exemple ? Est-ce que sa vidéo propageait de dangereuses contre-vérités (ce qui constituerait déjà un motif de censure beaucoup plus discutable) ? J’étais même prêt à être magnanime vis-à-vis de YouTube en envisageant l’hypothèse que la vidéo proscrite portait tout simplement atteinte à des droits d’auteur.

Après avoir regardé la vidéo sur Odysee, je peux affirmer qu’il n’y a rien de tout cela.

La véritable raison de la censure

J’ai donc écouté par la suite les explications de Virginie Vota. Et j’ai découvert que YouTube avait justifié sa censure au motif que les contenus de la vidéo “contredi[raient] le consensus des experts d’autorités sanitaires locales ou de l’OMS au sujet du vaccin contre le COVID-19”.

Or, en vérité, la vidéo dont je vous parle ne s’oppose pas aux propos d’experts sanitaires, qui, soit-dit en passant, ne sont pas si unanimes que YouTube voudrait le faire croire.

Non, simplement, il semble que la vidéo “la France en 2050” de Virginie Vota a eu le malheur de déplaire. Est-ce le fait d’un censeur trop zélé ? D’une dénonciation par un internaute ? Ou, peut-être plus effrayant encore, le fruit de l’analyse automatique de la vidéo par des algorithmes dits d’intelligence artificielle (bien mal nommés au demeurant car la machine est encore loin d’avoir une intime compréhension des choses telle qu’un être humain peut l’avoir) ?

Quoi qu’il en soit, cette censure est une parfaite illustration d’un monde vers lequel nous nous dirigeons, dans lequel seules les pensées mainstream, faisant “consensus”, validées par des “experts” ayant été adoubés par le système pourraient être exprimées.

J’ai peur, malheureusement, que cette vision totalitaire n’advienne en France bien avant 2050, au train où vont les choses.

Comment parle un robot ?

Dans cette vidéo, Sridhar Raghawan et Roberto Pieraccini, de l’équipe de développement de Jibo, nous expliquent les enjeux de la production de parole par leur robot. Si vous ne connaissez pas Jibo, ses concepteurs le présentent comme le premier robot social à destination du foyer. Le projet a obtenu près de 4 millions de dollars en financement participatif sur la plate-forme Indiegogo, avant de lever 25 millions de dollars auprès de capitaux-risqueurs en janvier dernier.

Parmi les explications que j’ai trouvées particulièrement intéressantes dans cette vidéo, il y a le fait que Jibo mette de l’émotion dans sa parole. Le robot doit être capable d’exprimer de la surprise, de la colère, du regret, etc., au travers de différentes intonations. Cela complique singulièrement la tâche des développeurs.

Mais surtout, les deux ingénieurs expliquent en particulier que Jibo parle à partir de texte. Quand on lui pose une question comme “quel temps fera t-il demain ?”, Jibo va d’abord constituer une réponse sous forme de texte. Ensuite, un logiciel de synthèse vocale (TTS ou Text-to-Speech) va convertir ce texte en parole.

Autrement dit, Jibo ne parle pas du tout à la manière d’un être humain, puisque sa parole passe par la production intermédiaire de texte. Le robot s’exprime par la voix à la manière d’un être humain, mais le processus permettant cette expression est totalement différent de ce qu’il est chez nous.

Cela me paraît important de le souligner : les robots vont se comporter de manière de plus en plus humaine en apparence, mais leur intelligence est tout autre que la nôtre.

 

Visite à l’atelier Aldebaran

Aldebaran Robotics est une pépite d’origine française (rachetée en février 2015 par la banque japonaise Softbank), pionnière de la robotique humanoïde depuis 2005. A Issy-les-Moulineaux, le siège de l’entreprise abrite environ 300 personnes, concevant des robots compagnons tels que Nao et Pepper, ainsi que le “concept-robot” Romeo. Si l’entreprise fondée par Bruno Maisonnier a des bureaux à Boston et à Shanghai, toute la R&D est faire en France. Aldebaran a eu la bonne idée d’ouvrir dans ses locaux isséens un “Atelier”, où le grand public peut venir se familiariser avec les robots.

J’ai eu le plaisir d’y aller avec mon plus grand fils, le 5 août dernier. Nous avons pu interagir avec le petit Nao, qui nous a fait une démonstration de TaiJi et avec qui nous avons joué au pendu. Nous avons également interagi avec Pepper, robot commercialisé au Japon pour de l’accueil client ou de la démonstration produit. Je retiens de cette expérience une impression étonnante : au bout d’une à deux minutes, j’ai vraiment eu l’impression d’avoir affaire à un interlocuteur, et non à une simple machine.

Je vous recommande de faire le test !

Mise à jour du 3 septembre 2020 :

  • après son rachat par SoftBank, Aldebaran Robotics a changé de nom pour devenir SoftBank Robotics
  • l’atelier Aldebaran n’existe plus.

Ray Kurzweil et moi

Je suis en train de lire The Age of spiritual machines de Ray Kurzweil et j’y trouve beaucoup de plaisir. Dans cet ouvrage, il démontre pourquoi l’avènement de machines dépassant largement l’intelligence humaine est inéluctable, et dans un avenir proche. Il se penche en détail sur la question de la conscience des machines. Longtemps, j’ai pensé que des machines existeraient un jour avec une intelligence de type humain, avec lesquelles on pourrait converser, des machines ressemblant à s’y méprendre à des êtres humains. C’est d’ailleurs à ce stade que, selon Alan Turing, on pourra parler de machines intelligentes. Mais je pensais que ces machines seraient purement “mécaniques” et que tout ce que l’on pourrait constater, c’est qu’elles sont intelligentes. Il me semblait qu’on ne pourrait pas affirmer qu’elles sont conscientes, notamment d’elles mêmes.

Aujourd’hui, à la lecture de Kurzweil, je me rends compte que c’est la même chose pour mes interlocuteurs humains. Puis-je dire qu’ils sont conscients ? Qu’est-ce que j’en sais, après tout ? La conscience est une expérience purement subjective. Je peux dire que je suis conscient mais je ne peux pas affirmer que vous qui me lisez l’êtes aussi.

La conscience n’est pas quelque chose d’observable. Et Kurzweil de citer Leibniz qui explique qu’en observant un cerveau en train de penser, on pourra en détailler toute la “mécanique” mais que l’on observera pas ses pensées. Aujourd’hui, on pourrait dire que l’on pourra peut-être observer les manifestations électromagnétiques de la pensée mais pas la pensée elle-même.

Ce qui vaut pour les êtres humains aujourd’hui vaudra demain pour les machines. Cela m’amène à deux réflexions. La première, c’est que, lorsque quelqu’un me parle, je fais l’hypothèse qu’il est conscient et conscient le lui-même. Mais c’est une croyance de ma part. Je m’aperçois donc que j’ai des croyances, que je suis “croyant”. Et cette prise de conscience (c’est le cas de le dire) n’est pas rien pour un sceptique comme moi !

La deuxième, c’est que je suis d’accord avec le pronostic de Kuzweil qui annonce que “prochainement” des machines très évoluées nous diront qu’elles sont conscientes d’elles-mêmes…et que nous les croirons. Moi aussi, j’anticipe le fait que je les croirai. L’idée fantaisiste selon laquelle, un jour, des machines réclameront des droits, du respect personnel, n’est finalement pas si fantaisiste que cela.

“Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?” se demandait Lamartine. Pas tout à fait encore. Mais cela ne saurait tarder. Et ce jour-là, il faudra vous respecter en tant que personnes.