Le colloque “AI, Science and Society” organisé par l’Institut Polytechnique de Paris dans les locaux de l’X augure bien du Sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle qui doit s’ouvrir le 10 février prochain à Paris.
J’ai pu assister à sa première journée, et je vais partager avec vous quelques impressions.

L’IA loin des mythes
Il n’a pas été question d’intelligence artificielle générale (AGI) ou de super-intelligence artificielle (ASI) pendant cette première journée. Loin de ces concepts discutés voire discutables, c’est à un discours scientifique de haut vol que le public, nombreux (l’amphithéâtre Poincaré était bondé), a pu assister.

L’IA au service du bien commun
Thierry Coulhon, Président de l’Institut Polytechnique de Paris, a mis en relief le moment unique de l’Histoire où nous nous trouvons, dans lequel les découvertes les plus récentes en informatique, en mathématique, mais aussi en sciences humaines, convergent pour donner naissance à une innovation majeure. C’est seulement en s’ancrant dans le réel que l’on peut appréhender sereinement les enjeux que pose aujourd’hui l’intelligence artificielle.

“How can we ensure that AI serves the public good? How can we mitigate algorithmic biases and prevent the amplifying of inequities? How can we preserve social sovereignty in the face of global economic forces? These are the questions we will start exploring together today.”
Thierry Coulhon
Deux usages particuliers : la science et la médecine
Laura Chaubard, Directrice Générale de l’École Polytechnique, a montré que l’intitulé du colloque ne devait rien au hasard : il s’agit d’articuler les apports scientifiques de l’IA et leur pouvoir transformatif sur la société.

Deux domaines d’usages ont été particulièrement mis à l’honneur : la science elle-même, avec les avancées de l’IA dans le domaine de la recherche en mathématique ; et la santé.
“Rarely have we had to confront all these questions scientifically. And what’s more, facing the existential challenge of climate change at exactly the same time compell us to reinvent our society entirely from top to bottom.”
Laura Chaubard
On ne s’étonnera pas que les mathématiques aient été mises en valeur à l’X, si on se rappelle que de nombreux mathématiciens illustres en sont issus, tels qu’Henri Poincaré ou Benoît Mandelbrot. Le centre de recherche en mathématiques Laurent Schwartz (CMLS) de l’École est aussi mondialement reconnu.
Joëlle Barral, Directrice en Recherche et Ingénierie chez Google Deepmind, a par exemple présenté les performances de leur modèle AlphaGeometry aux Olympiades internationales de mathématiques.
En ce qui concerne la santé, elle a expliqué les apports de leur modèle AlphaFold dans le domaine de la recherche biologique, avec notamment la modélisation exhaustive des protéines connues (plus de deux cent millions de protéines modélisées).

D’autres présentations et tables rondes se sont succédées, telle que celle du professeur Eric Xing, professeur d’informatique à Carnegie Mellon University, qui nous a montré d’autres usages en matière de recherche médicale, et nous a fait prendre de la hauteur avec des considérations philosophiques sur Emmanuel Kant ou Pierre-Simon de Laplace.

Ainsi, ce colloque, bien que s’adressant avant tout à un public de scientifiques, est une excellente occasion pour tout honnête homme de prendre du recul sur l’intelligence artificielle et la véritable nature de la révolution qu’elle apporte. Une bouffée d’oxygène, hors du buzz et du sensationnalisme.
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