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La Chine s’isole-t-elle vraiment ?

Depuis l’éclatement de la pandémie de Covid-19, la Chine s’isole apparemment de plus en plus. Qu’en est-il vraiment ?

ll est vrai que la Chine donne des signes d’isolement sous au moins trois aspects : physique, culturel et économique.

La Chine s’isole davantage

D’un point de vue physique, la Chine a fermé ses frontières à double tour. Depuis le Covid, elle a érigé une grande muraille sanitaire pour éviter l’importation de cas sur son territoire, en délivrant des visas au compte-gouttes et en mettant en place des mesures de quarantaine draconiennes pour les rares voyageurs autorisés à pénétrer sur son sol.

Covid-19 : la Chine construit le plus grand centre de quarantaine du monde

D’un point de vue culturel, toute forme d’influence occidentale est surveillée de près par les autorités, en commençant par l’usage de la langue anglaise. A titre d’exemple, Yang Weiguo, maire de Zhuzhou, dans la province du Hunan, avait suggéré à ses collègues siégeant au Congrès Populaire National de 2020 de mettre un terme à la traduction en anglais des discours prononcés par des officiels chinois lors des grands événements et des conférences de presse ; plus récemment, en septembre 2021, le département de l’éducation de la ville de Shanghai a interdit les examens d’anglais à la fin du cycle d’école élémentaire.

Enfin, d’un point de vue économique, un grand nombre d’entreprises occidentales de premier plan ont cessé ou s’apprêtent à cesser leurs activités Internet en Chine, que l’on pense à Microsoft qui y ferme son service Linkedin, à Yahoo ou à Epic Games qui ferme ses serveurs Fortnite dans l’Empire du Milieu. D’après ces entreprises, les conditions ne sont plus réunies pour qu’elles puissent travailler correctement en Chine, compte tenu des contraintes que font peser sur elles la loi récente sur la protection des données personnelles ou les restrictions s’appliquant aux activités en ligne, notamment dans le secteur du jeu vidéo.

La Chine reste cependant un acteur majeur du commerce international

En dépit ou peut-être grâce à la pandémie, les exportations chinoises se sont envolées en 2020. Mais les importations n’ont pas été en reste. Il semblerait par exemple que les classes moyennes et supérieures, ne pouvant plus voyager, aient compensé en utilisant leur budget voyage pour réaliser des achats en ligne de produits occidentaux, notamment de luxe. Et sur les trois premiers trimestres de 2021, les importations chinoises ont progressé d’un tiers en glissement annuel, établissant un nouveau record à près de 2 000 milliards de dollars.

La Chine auto-suffisante ?

La Chine joue donc une isolation à géométrie variable, au service de ses intérêts. C’est qu’elle en a désormais les moyens, grâce au développement d’un vaste marché intérieur, à l’essor des classes moyennes et à la montée en puissance de sa capacité d’innovation. Si l’on prend l’exemple du secteur de la distribution, parmi d’autres, la Chine est ainsi le pays le plus en avance dans le domaine du commerce de proximité automatisé, de la vente en ligne par diffusion en direct (live streaming), du paiement mobile, etc.

La vente en ligne par diffusion en direct

Autrement dit, les efforts conduits par les autorités depuis quelques années pour développer le marché intérieur et la capacité d’innovation de la Chine donnent aujourd’hui au pays la capacité de moduler son ouverture au monde, qui n’est pas remise en question. Mais cette ouverture est de nature différente de celle qui prévaut en Occident. Elle est moins un dogme qu’un outil mis au service de la prospérité et de l’indépendance nationales par le gouvernement chinois.

Fermeture de magasins Auchan : les gilets jaunes, coupables tout trouvés

Logo Auchan
Logo Auchan

Le Figaro et l’AFP nous annoncent qu’Auchan va procéder à la fermeture de 21 magasins en France. Le groupe aurait “durement subi la crise des gilets jaunes”.

Traduction : ce sont eux les responsables de la fermeture de ces sites et de la menace planant sur 723 emplois.

Peu importe, comme le dit pourtant l’article, qu’Auchan ait perdu un milliard d’euros en 2018, alors que le mouvement des gilets jaunes n’a démarré qu’en novembre. Les “années d’errances stratégiques” pointées par la CFDT ? Un détail sans doute.

C’est tellement pratique d’avoir des boucs émissaires.

Et si on arrêtait de gaspiller l’énergie… sur Internet ?

 

Atomic gas
Atomic gas Creative commons : Dr.monster

Xavier de La Porte signe sur Rue 89 un papier intitulé “Décroissance : commençons par ne pas faire de recherche Google inutile”. Je ne suis pas un adepte de la décroissance : je ne crois pas que l’on doive se résoudre à vivre moins bien, à être moins riche, pour que la Terre dans son ensemble se porte mieux. Mais l’article donne une série de bons conseils (de bon sens) pour réduire la consommation énergétique inutile liée à Internet :

“changer nos usages : ne pas envoyer d’e-mails inutiles (c’est-à-dire parler à son voisin de bureau, ne pas mettre dix personnes en copies de nos mails ou forwarder à un tout un groupe une vidéo super lourde), ne pas passer par Google pour aller sur un site, mais taper directement l’adresse ou l’avoir inscrit dans les favoris, télécharger plutôt que regarder en streaming”

Et que d’énergie gaspillée, à l’échelle du monde, à tripoter nerveusement son portable dans le métro, dans la salle d’attente, à liker ou retweeter une “information” finalement sans importance. Eh oui, la cyberdépendance a un coût énergétique.

Et si nous utilisions mieux les possibilités infinies que nous donne l’Internet et l’Internet mobile en particulier ? Pour augmenter notre maîtrise sur nous-mêmes et sur notre environnement, plutôt que d’être esclave de la technologie.

Contre le déclin, on n’a pas tout essayé !

Reprendre - Ni sang ni detteLe présent billet est une reprise de mon commentaire publié sur Amazon.fr à propos du récent ouvrage de Jean-Michel Truong, Reprendre – Ni sang ni dette
(Le No Man’s Land, mai 2013).

Dekoismelltill ? Un auteur de romans a t-il le droit d’écrire un essai économique ? A t-on le droit de penser et de partager ses propositions en dehors des “milieux autorisés” si bien moqués par Coluche ? Jean-Michel Truong apporte une réponse décapante à ces questions. Son essai est d’abord celui d’un amoureux de la France, qui a mal quand il la voit décliner. Et ce déclin, malheureusement, il le perçoit avec une grande acuité dans ses échanges avec ses partenaires internationaux, lui qui a vécu une vingtaine d’années en Chine. Mais il ne se résout pas au défaitisme et, fort de la puissance d’imagination du romancier, il ose proposer une idée originale pour sortir de la crise : remplacer l’ensemble des aides aux entreprises par un système de dot attribuée à chaque citoyen et associé à un système de droit de tirage sous forme de crédits pour les entreprises.
Cette idée originale est étayée par une argumentation solide et une documentation qui ne l’est pas moins. Les notes de bas de page sont une mine d’informations : des statistiques, mais aussi des références à d’autres oeuvres et des citations viennent conforter le raisonnement (on remarquera par exemple la citation sidérante tirée de La Guerre hors limites de Qiao Liang et Wang Xiangsui, au chapitre 7). Le tout est rédigé avec un style enlevé, à la fois simple, drôle, littéraire sans être pédant, et varié.
Bref, une livre réjouissant et stimulant, que nos politiques auraient grand profit à lire !

Balayer devant sa porte

Balayer devant sa porte
Photo by Lucas van Oort on Unsplash

Alors que la France n’entrevoit pas de solution à la grave crise économique qu’il traverse, le parti majoritaire choisit de sonner la charge contre l’Allemagne.

Mais avant de chercher des poux à notre premier partenaire économique, il vaudrait mieux s’interroger sur les raisons du déclin français.

Certes, il est plus facile de critiquer son voisin que de chercher à s’amender soi-même. Mais les Français ne sont pas dupes : à peine 1 sur 10 estime que la politique économique actuelle est de nature à résoudre nos problèmes.

Alors, à quand un vrai changement ?