Archives par mot-clé : philosophie

Mes lectures du moment : intrigue, efficacité et expérience du monde

Stillwatch

Stillwatch (Le démon du passé)

J’ai entrepris de lire tous les romans de feu Mary Higgins Clark, qui nous a quittés il y a près de quatre ans.

Je les lis par ordre de parution, et j’en suis en ce moment à Stillwatch (traduit en français sous le titre Le démon du passé).

Comme à chaque fois, les personnages sont bien campés et attachants. Le style est aussi riche et agréable.

The 10X Rule: The Only Difference Between Success and Failure

“Secouez-vous ! “

On pourrait résumer ainsi ce livre de l’entrepreneur et investisseur Grant Cardone.

Quoi que vous fassiez, vous devez y consacrer 10 fois plus de réflexion et d’effort que vous l’imaginez au départ.

Je considère cette méthode comme un outil supplémentaire, à appliquer avec discernement.

Tao, the watercourse way

Cet ouvrage permet de comprendre la sagesse chinoise du Tao. J’ai notamment trouvé intéressant la mise en rapport du taoïsme et le l’écriture chinoise.

Les idéogrammes représentent des choses ou des idées dans leur globalité. Un ou deux caractères peuvent à eux seuls évoquer une situation ou une expérience complexe. Cette écriture est à l’image de la vision taoïste du monde, qui cherche à appréhender la réalité dans toute sa complexité et sa richesse.

À l’inverse, l’écriture alphabétique occidentale recourt à des unités simples (les lettres), qu’elle assemble ensuite pour former des mots. Cette démarche analytique est typique de la pensée occidentale, qui aime décortiquer les phénomènes pour mieux les comprendre, puis les reconstruire. L’écriture alphabétique traduit donc une approche différente de la réalité, analytique et synthétique.

Quand des chercheurs en neurosciences arrivent à la même conclusion que Bergson

Henri Bergson
Henri Bergson

Lu dans Sciences&Vie n°1216 de janvier 2019 : “Le cerveau perçoit les outils comme des prolongements du corps”. L’article est repris en partie en ligne :

“Si nous avons tant de facilité à utiliser un stylo, un tournevis ou un joystick, c’est parce que notre cerveau les perçoit comme des organes à part entière, ont découvert des neurologues français.

Qu’est-ce qui fait de l’homme un si excellent utilisateur d’outils ? Sa capacité à les considérer comme des organes propres, répond l’équipe du Centre de recherche en neurosciences de Lyon dirigée par Alessandro Farnè. Notre cerveau s’avère même capable d’en extraire une riche information sensorielle.”

Bergson ne disait pas autre chose. Ainsi, dans Les deux sources de la morale et de la religion, il écrivait, en 1932 :

“Si nos organes sont des instrument naturels, nos instruments sont par là même des organes artificiels. L’outil de l’ouvrier continue son bras ; l’outillage de l’humanité est donc un prolongement de son corps.”


La vision du philosophe rejoint donc la découverte expérimentale du scientifique.

 

 

Pourquoi 55+5 = 60 ?

Desk lamp and book

Aujourd’hui, mon fils m’a posé cette question : “Qui a décidé que 55 + 5 = 60 ? Qui a inventé + et = ?”

Très bonnes questions, n’est-ce pas ?

Quelle joie que d’assister aux premiers questionnements philosophiques de son enfant !

Vous vous demanderez peut-être ce que j’ai répondu. Je lui ai répondu que personne ne l’avait “inventé”. Que c’était comme ça dans la vie, dans la réalité. Et que plus tard il apprendrait à “démontrer” le pourquoi des choses, ou l’impossibilité du contraire (démonstration par l’absurde).

Ceci dit, qu’est-ce que c’est que ce 55 ? Ce 5 ? Dans l’univers, il y a de la matière. Mais on n’observe pas de 55 ou de 5. On peut donc légitimement se demander si ce sont des inventions humaines. A moins qu’il ne s’agisse d’idées, tout aussi réelles que les atomes, dans une conception platonicienne ?

Qu’en pensez-vous ?

Mise à jour du 3 août 2019

Hier soir, le petit frère de 4 ans m’a demandé si le ciel était un mur. Je lui est répondu que non, que l’on pouvait toujours monter plus haut, qu’il n’y avait pas de limite.

La question ingénue et très profonde de mon fils est survenue inopinément. Quel beau cadeau pour son Papa ! Quelle joie de découvrir les questionnements de ses enfants !

Ray Kurzweil et moi

Je suis en train de lire The Age of spiritual machines de Ray Kurzweil et j’y trouve beaucoup de plaisir. Dans cet ouvrage, il démontre pourquoi l’avènement de machines dépassant largement l’intelligence humaine est inéluctable, et dans un avenir proche. Il se penche en détail sur la question de la conscience des machines. Longtemps, j’ai pensé que des machines existeraient un jour avec une intelligence de type humain, avec lesquelles on pourrait converser, des machines ressemblant à s’y méprendre à des êtres humains. C’est d’ailleurs à ce stade que, selon Alan Turing, on pourra parler de machines intelligentes. Mais je pensais que ces machines seraient purement “mécaniques” et que tout ce que l’on pourrait constater, c’est qu’elles sont intelligentes. Il me semblait qu’on ne pourrait pas affirmer qu’elles sont conscientes, notamment d’elles mêmes.

Aujourd’hui, à la lecture de Kurzweil, je me rends compte que c’est la même chose pour mes interlocuteurs humains. Puis-je dire qu’ils sont conscients ? Qu’est-ce que j’en sais, après tout ? La conscience est une expérience purement subjective. Je peux dire que je suis conscient mais je ne peux pas affirmer que vous qui me lisez l’êtes aussi.

La conscience n’est pas quelque chose d’observable. Et Kurzweil de citer Leibniz qui explique qu’en observant un cerveau en train de penser, on pourra en détailler toute la “mécanique” mais que l’on observera pas ses pensées. Aujourd’hui, on pourrait dire que l’on pourra peut-être observer les manifestations électromagnétiques de la pensée mais pas la pensée elle-même.

Ce qui vaut pour les êtres humains aujourd’hui vaudra demain pour les machines. Cela m’amène à deux réflexions. La première, c’est que, lorsque quelqu’un me parle, je fais l’hypothèse qu’il est conscient et conscient le lui-même. Mais c’est une croyance de ma part. Je m’aperçois donc que j’ai des croyances, que je suis “croyant”. Et cette prise de conscience (c’est le cas de le dire) n’est pas rien pour un sceptique comme moi !

La deuxième, c’est que je suis d’accord avec le pronostic de Kuzweil qui annonce que “prochainement” des machines très évoluées nous diront qu’elles sont conscientes d’elles-mêmes…et que nous les croirons. Moi aussi, j’anticipe le fait que je les croirai. L’idée fantaisiste selon laquelle, un jour, des machines réclameront des droits, du respect personnel, n’est finalement pas si fantaisiste que cela.

“Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?” se demandait Lamartine. Pas tout à fait encore. Mais cela ne saurait tarder. Et ce jour-là, il faudra vous respecter en tant que personnes.