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Le choix des mots : la première arme politique

Le libéralisme est un oligarchisme
Le libéralisme est un oligarchisme

En politique, le choix des mots n’est jamais innocent. C’est l’un des messages clés qui ressort à la lecture du premier ouvrage de Laurent Herblay, Le néolibéralisme est un oligarchisme et une déconstruction de la démocratie.

Face à la répétition des crises qui frappent le monde depuis 20 ans (éclatement de la bulle Internet, crise des subprimes, crise de la zone euro, révoltes sociales, crise de l’environnement et pandémie), Laurent Herblay constate que ce sont toujours les mêmes réponses qui sont apportées : austérité, développement d’une civilisation du contrôle (que ce soit dans les domaines de la finance, de l’expression publique ou encore des comportements), mesures favorisant les 1% les plus riches au détriment des autres, etc. Or ces réponses non seulement ne résolvent pas les crises, mais elles les aggravent, ou portent en germes les crises suivantes, encore plus dévastatrices. A tel point qu’elles apparaissent bien plus comme l’origine des maux qui frappent l’Occident que comme leur remède.

Le choix des mots, premier levier d’action

Selon Laurent Herblay, pour mettre un terme au cycle des crises, il faut d’abord nommer correctement la source qui les alimente.

C’est pourquoi la critique du néolibéralisme est inappropriée. D’abord parce que les cures d’austérité et les mesures de libéralisation économique n’ont rien de nouveau : les mêmes recettes étaient déjà  appliquées par Margaret Thatcher ou Ronald Reagan. D’autre part parce que le terme de “libéralisme” est porteur de trop d’imaginaire positif, permettant facilement à ses thuriféraires de caricaturer ceux qui critiquent le système actuel en partisans de la fermeture ou de la rigidité.

Pour Laurent Herblay, le cœur du problème est que l’ensemble des politiques publiques occidentales depuis au moins vingt ans n’est pas mis en œuvre au service de l’intérêt général mais au profit d’une infime partie de la population qui détient les leviers financiers, politiques et médiatiques : une oligarchie.

C’est donc ce système oligarchique qu’il convient d’abord de dénoncer, et ensuite de combattre, car il conduit l’Occident dans une régression tous azimuts, réduisant de plus en plus la démocratie à un simulacre :

“La démocratie existe toujours, mais elle semble être devenue surtout formelle, comme si elle avait été en partie vidée de sa substance sur le fond.”
Laurent Herblay

L’ouvrage de Laurent Herblay dresse un constat juste et documenté de la période charnière dans laquelle se trouvent les démocraties occidentales. En brisant les totems linguistiques, en désignant les causes des problèmes par leurs véritables noms, il contribue à un salutaire réveil des consciences politiques. Il nous invite tous, en tant que citoyens et acteurs du débat public, à cesser de nous résigner au modèle qui nous est imposé et à reprendre en main collectivement notre destin.

 

 

Tribune des militaires : cœur ardent, vision étroite

Tribune des militairesDepuis une semaine, une polémique (une de plus) secoue l’opinion publique. Cette fois-ci, elle porte sur la “tribune des militaires” publiée le 14 avril 2021 par le Capitaine Jean-Pierre Fabre-Bernadac sur le site place-armes.fr. Signée par une vingtaine de généraux et des milliers de gradés, la plupart à la retraite, et intitulée “Lettre ouverte à nos gouvernants”, elle a défrayé la chronique depuis que l’hebdomadaire Valeurs actuelles s’en est fait l’écho, une semaine plus tard.

Depuis, c’est la foire d’empoigne sur les ondes et sur les médias sociaux entre ceux qui dénoncent une menace de coup d’état et ceux qui soutiennent la démarche de ces militaires, à commencer par Marine Le Pen qui s’est exprimée sur le sujet mardi 27 avril.

L’avenir dira si les sanctions annoncées par le chef d’état-major des Armées à l’encontre des signataires suffiront à éteindre la polémique.  Mais sur le fond, que penser de cette lettre ?

Une lettre qui aurait pu être l’occasion d’un réveil salutaire…

La lettre commence sur une tonalité tragique :

“L’heure est grave, la France est en péril, plusieurs dangers mortels la menacent. Nous qui, même à la retraite, restons des soldats de France, ne pouvons, dans les circonstances actuelles, demeurer indifférents au sort de notre beau pays.”

Comment être en désaccord avec ce constat ? La France est bel et bien en proie à de nombreux périls :

Quant au fait que de hauts gradés fassent état de leur attachement sentimental à la France, à leur souffrance quand ils la voient abîmée, c’est plutôt réconfortant. On est loin des campagnes de recrutement récentes de l’armée française, dans lequel sont mises en avant des notions abstraites sans que jamais le mot “France” ne soit prononcé. Continuer la lecture de Tribune des militaires : cœur ardent, vision étroite

Comment le sentiment anti-japonais se diffuse chez les Chinois

Caricature française (début XXème) : Chine et Japon tentant de
Caricature française (début XXème) : Chine et Japon tentant de “pêcher” la Corée, avec la Russie en arrière-plan

Ce n’est rien de dire que les exactions perpétrées contre la Chine par le Japon au XXème siècle ont laissé une plaie à vif dans la société chinoise. Le récent regain de tension entre les deux pays n’a fait qu’exacerber un sentiment anti-japonais dans la population chinoise. Cela se ressent dans les conversations que l’on peut avoir avec des Chinois et dans la place accordée à la crise sino-japonaise dans les médias. Mais cela se traduit aussi dans les programmes de divertissement diffusés à la télévision ! Ainsi, les fictions historiques sont un genre développé en Chine, et j’ai pu constater combien l’histoire compliquée et douloureuse avec le Japon était une source d’inspiration sans fin  pour les scénaristes ! Mais ce qui m’a le plus frappé lors de mon séjour récent en Chine, c’est un dessin animé diffusé à la télévision et qui s’intitule “frappez les envahisseurs”. Il raconte l’histoire d’un village chinois occupé par des soldats japonais, largement tournés en ridicule. Il me semble que ce genre de programme ne fait que nourrir l’animosité entre les deux peuples, dès le plus jeune âge, et je dois dire que cela m’a choqué.

Balayer devant sa porte

Balayer devant sa porte
Photo by Lucas van Oort on Unsplash

Alors que la France n’entrevoit pas de solution à la grave crise économique qu’il traverse, le parti majoritaire choisit de sonner la charge contre l’Allemagne.

Mais avant de chercher des poux à notre premier partenaire économique, il vaudrait mieux s’interroger sur les raisons du déclin français.

Certes, il est plus facile de critiquer son voisin que de chercher à s’amender soi-même. Mais les Français ne sont pas dupes : à peine 1 sur 10 estime que la politique économique actuelle est de nature à résoudre nos problèmes.

Alors, à quand un vrai changement ?

L’autre élection

Les médias français sont tout occupés à commenter la victoire de François Hollande aux Présidentielles, et c’est bien naturel. Mais après avoir baigné pendant des mois dans un climat de campagne, et juste avant de nous replonger avec délices dans une autre campagne, celle des Législatives, il peut être bon de sortir le nez de l’Hexagone. Si l’on doit se réjouir de la vitalité démocratique, force est de constater que chez nos voisins grecs, l’expression populaire dans les urnes embarque le pays dans une voie bien périlleuse.

C’est ainsi que le parti d’extrême-gauche Syriza a devancé, aux élections d’hier, le Pasok (équivalent du parti socialiste) pour devenir la deuxième force politique du pays. Au total, d’après les dernières estimations, Syriza, KKE (parti communiste) et la Gauche démocratique (parti dissident de Syriza) totalisent 31,15% des voix ! Pour compléter le tableau, ajoutons que le parti néo-nazi Aube Dorée a obtenu 7% des voix et a fait son entrée au Parlement.

Autrement dit, les partis d’extrême gauche et d’extrême droite (et d’une extrême-droite radicale, c’est le moins que l’on puisse dire), ont recueilli près de 40% des suffrages.

Autant dire que la crise grecque ne paraît pas près de finir. Dans ce contexte international, notre nouveau président aura fort à faire…