Les médias aiment à mettre en avant, souvent à juste titre, parfois de manière exagérée, la surveillance de la population chinoise par le gouvernement à l’aide des technologies de l’information. Ils se sont par exemple fait les gorges chaudes de la mise en place du système de crédit social, qui attribue un score à chaque citoyen en fonction de son comportement.
Après Big Brother, Bigger Brother ?
Il est toujours bon, pourtant, de balayer en premier lieu devant sa porte. Avec le projet de “passeport vaccinal” à l’étude par l’Union européenne, on peut ainsi se demander si l’élève européen n’est pas en train de dépasser le maître chinois. L’idée serait d’harmoniser ou de rendre compatibles les systèmes préparés par différents pays, tel que le “passe sanitaire” envisagé par le gouvernement français.
De quoi s’agit-il ? Écoutons les propos d’Emmanuel Macron, rapportés par la Dépêche :
“Ce qu’on commence à faire avec TousAntiCovid, on le fera de manière plus efficace. On va demander à ce que les gens s’enregistrent pour faciliter le système d’alerte. Si quelqu’un vient assister à un événement, qu’il puisse être enregistré avec un code, afin qu’on retrouve beaucoup plus facilement ses cas contact (…). On pourra sans doute intégrer dans ce pass sanitaire des éléments de tests négatifs récents, on pourra regarder si vous avez été vacciné.”
Qu’en est-il en Chine ?
Il se trouve que si la France ou d’autres pays d’Europe en venaient à contrôler le statut vaccinal des individus pour leur autoriser ou leur interdire certaines activités, ils iraient beaucoup plus loin que ce qui est en place en Chine. Comme me le confiait Mike Mao, un chef d’entreprise chinois installé au sud de la Chine, à Shenzhen, le système chinois repose en effet sur deux piliers :
- du déclaratif, au travers de questionnaires que les citoyens doivent remplir pour attester de leur état de santé et générer sur leur smartphone un premier code QR,
- le contrôle des lieux fréquentés, réalisé par les trois opérateurs mobiles du pays, pour générer un deuxième code QR et déclencher des alertes si un citoyen s’est rendu dans une zone à risque au cours des 14 derniers jours.
D’après ce qu’il m’a dit, les codes QR ne permettent pas de tracer, du moins pour le moment, le fait que l’on ait été vacciné ou pas contre la Covid.
Tout ceci est couplé avec des contrôles systématiques de la température corporelle à l’entrée des lieux fréquentés par le public.
Force est de constater que ce système fonctionne, puisque la Chine parvient à juguler l’épidémie sur son territoire.
La France, qui ne peut pas en dire autant, va-t-elle se livrer à une inquisition plus poussée dans la vie des gens, au travers de la mise en place d’un passeport vaccinal ? Ou va-t-elle se souvenir de la devise de la République, et en particulier de ses deux premiers termes : liberté et égalité ?
Pour plus d’informations, voici l’intégralité de mon entretien avec Mike Mao (en anglais) :
Mise à jour du 9 mars 2021
La Chine semble emboîter le pas de l’Union européenne et d’autres pays comme Israël avec le lancement d’un passeport sanitaire sur Wechat (non obligatoire) pouvant inclure des données de vaccination.
Mise à jour du 6 août 2021
L’application de suivi sanitaire en Chine a pour principal objectif le traçage des cas contacts. Les données de vaccination y sont présentes, mais la vaccination n’est pas requise pour obtenir le “code vert” :
Il faut bien comprendre qu’ici le passe sanitaire sert d’abord à tracer les cas contacts. (…)
Un passe sanitaire qui n’est pas lié à la vaccination
Le passe sanitaire en Chine n’est pas directement lié à la vaccination même si le fait que l’on soit ou non vacciné figure sur ce code santé. Mais cela pourrait changer. Des provinces du Sud, le Zhejiang notamment, ont demandé à ce que le vaccin soit une condition au code vert. Pour l’instant, le gouvernement central n’a pas validé.
(Souce RFI)